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TEST CINABRE: SAVOIR-FAIRE POINTU, MATIÈRES SOIGNÉES ET SCIENCE-FICTION

Tous les chemins mènent à Rome…

Les schémas de croissance traditionnels des marques se ressemblent tous plus ou moins: d’abord avoir un positionnement précis et habiller seulement une certaine niche de la population. Puis ensuite, au fur et à mesure qu’on obtient des points de vente, voire des boutiques en propre, élargir sa gamme et s’adresser à des franges de plus en plus larges. Mais au passage en diluant forcément plus ou moins son identité de marque.

Cinabre, que je suis de près depuis 2012, est un très bel exemple d’une ascension constante mais mesurée, et d’une identité forte qui s’est parfaitement conservée au fur et à mesure des années.
J’ai pu revoir Alexandre à la fin du mois de mai, et il m’a permit de tester deux produits emblématiques de sa marque: une cravate en laine vierge et une cravate fantaisie en tissu bandana.

Comme d’habitude, on va évidemment retracer intégralement le parcours de la marque, des premières cravates distribuées sur l’eshop de la marque et quelques distributeurs triés sur le volet jusqu’à la première boutique en propre depuis cette année, rue d’Hauteville.

I CINABRE: ENTRE SCIENCE FICTION ET SAVOIR-FAIRE

1 Le créateur, Alexandre Chapellier

Lorsqu’il crée Cinabre, Alexandre Chapellier est dans un cas de figure assez classique: il est diplômé d’une très bonne école de commerce et effectue quelques années en finance. Au bout de quelques années, il décide de renouer avec une autre passion, celle-ci du côté suédois de sa famille: le textile (son grand-oncle et son arrière grand-père étaient tailleurs à Filipstad).

Il rencontre ainsi Michel Goma, un grand Couturier, qui l’aide à se lancer et apprends lui-même le métier et les secrets de la confection pendant plus de deux ans. Il rencontre pour ça une centaine d’artisans.

2 Ateliers et savoir-faire

Il collabore finalement avec une confectionneuse dans le Loir et Cher dont le savoir-faire remonte à trois générations: celle-ci confectionne main les cravates et noeuds papillon de la marque.

Les triplures en laine des cravates

Finitions des cravates

On vous en avait déjà parlé dans le guide ultime de la cravate mais un rappel est toujours bien utile. Cinabre propose toutes les finitions de qualité qu’on pourrait attendre d’une cravate:

Fil de réserve avec boucle pour garder la tension et la flexibilité
Double pli chemisier: plus de tissu utilisé mais meilleure main et meilleure tenue dans le temps, la cravate retrouve plus facilement sa forme après chaque utilisationn
Triplure: ni trop fine ni trop épaisse. Elles sont en laine, donc pas forcément dans le même tissu que la cravate. Les triplures en laine permettent une bien meilleure tenue et flottent moins à l’intérieur des cravates.
Doublure en soie

Alexandre vous l’expliquera bien mieux que moi dans cette petite vidéo. Excusez la qualité car il s’agissait d’un format Snapchat, mais qui peut être tout de même intéressant à consulter ici.

Finitions des noeuds papillons

De leur côté, les noeuds papillons sont distribués pré-noués et s’attachent avec un crochet brodé, la doublure est en soie et vous disposez d’une bande métrique pour bien repérer la taille idéale pour votre cou.
Evidemment, on peut les dénouer à n’importe quel moment. Je vous invite à consulter le guide des noeuds papillons pour quelques rappels pour bien les porter.

Les matières

Mais c’est surtout à travers les matières utilisées qu’est toute la différence entre Cinabre et une autre marque plus classique de cravate: on ne compte plus les mélanges et variation de laine, laine/soie, laine/cachemire ou 100% cachemire que propose la gamme.
Et on le voit tout de suite à travers des couleurs d’une rare intensité, qui prennent et reflètent la lumière de manière remarquable: la cravate testée a un bleu d’une rare intensité. C’est sûrement une des meilleurs manières de se différencier subtilement.
 
J’ai rarement vu autant de variations de bleu différentes que chez Cinabre, avec des tissus à chaque fois proposés par des partenaires prestigieux comme Scabal.

2/ Science fiction et motifs originaux sur les cravates

 

Ce côté insolite est d’autant plus présent qu’Alexandre est également un grand fan de science-fiction: vous vous souvenez probablement de cet article de 2012 sur BonneGueule dans lequel il évoque une de ses premières collections, réalisée sur le thème de Blade Runner, et dont les foulards représentent fidèlement des voies lactées ultra colorées.
Il est du coup au premier abord un peu déstabilisant de voir ces univers un peu geeks mélangés à un savoir-faire séculaire, le tout pour être distribué dans des enseignes plutôt pointues et avant-gardistes.

A chaque collection, des allusions explicites

Si vous avez aimé Mars Attack, Cinabre s’est inspiré du film original des années 50 « Earth vs Flying Saucers » pour proposer un visuel caractéristique de la SF: un monument symbolique attaqué par des soucoupes volantes et un couple apeuré.

Le tout a été fait sur un foulard en cachemire et modal: le motif peut sembler fort au premier abord, mais se porte finalement assez bien grâce à des traits simples et des couleurs sobres. .

Et parfois un peu plus subtiles

Ici, Cinabre utilise un tweed avec des couleurs inhabituelles pour évoquer les poussières interstellaires. Bref, le thème n’est pas explicite mais se retrouve à travers les tons de la pièce.

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3/ Réutilisations de tissus vintage

Des bandanas aux chemises hawaïenne, Alexandre a voulu pousser plus loin la part de la gamme qui ne se prend pas trop au sérieux en chinant des tissus vintage, du bandana que nous allons tester dans cet article (et qui était un des plus faciles à porter avec un motif Paisley au final assez traditionnel) jusqu’à la fameuse chemise hawaïenne.

Les bandanas déclinés dans plusieurs couleurs

Les chemises hawaïennes

Mais aussi des collections plus ponctuelles avec des univers différents: du motif marin au motif africain

4/ Côté habilleur de cou

Cinabre avait depuis le début prit le parti de l’habilleur de cou. Il s’agit d’un moyen plus subtil de se différencier, sur lequel on a plus de marge de manoeuvre, surtout dans un contexte où les gens ont un style très similaire.
Si les chaussures et le sac sont des accessoires qui en disent long, Alexandre estime qu’on regarde d’abord le visage, et que l’accessoire de cou a donc beaucoup d’importance dans une tenue.

Outre les foulards, cravates et noeuds papillon, Cinabre propose aussi des cols en Orylag (un lapin assez rare élevé dans seulement 13 fermes de Poitou-Charentes). La marque avait collaboré avec un fourreur Meilleur Ouvrier de France afin de travailler la matière et lui donner sa forme.

Ils seront de nouveau disponibles cet hiver.

II TEST DES CRAVATES CINABRE

1 Le modèle cachemire

Comme vous le savez, elle est faite main à partir d’un cachemire écossais Scabal. Celle que j’ai pu tester a un pan de 6 cm. Une largeur du coup un peu plus moderne que les 7.5 cm conventionnels (et qui n’ira pas aux carrures plus développées).  J’ai choisi de faire un demi-windsor avec cette cravate, afin de remplir un minimum le col.

J’ai juste été bluffé par la manière dont le tissu prends la lumière que ça soit en intérieur ou à la lumière du jour. On distingue tout un tas de nuance de bleu (du clair au marine bien foncé)

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C’est probablement la cravate avec la plus belle couleur que je possède dans ma garde-robe.  La couleur en intérieur n’a rien à lui envoyer et renvoie un ton un peu plus sombre.

Conseils de style

La couleur et la texture de cette cravate ressortent particulièrement bien pour un bel effet chiné. Une tenue avec une chemise simple en popeline de coton et une veste en laine vierge lisse serait probablement un peu fade pour l’accompagner (surtout que cette matière est très hivernale).
C’est la raison pour laquelle j’ai préféré choisir des matières hivernales (on a shooté ça vers début juillet, mais il ne faisait encore qu’une vingtaine de degrés): un gilet en tweed pied de poule SuitSupply et une veste en tweed De Fursac. Les trois matières se complètement bien car la cravate joue plus sur le maillage et les nuances de couleurs, le gilet sur le motif et l’aspect rêche et brut de la laine et la veste sur une laine plus lisse mais un motif chevrons subtil.

La chemise à rayure complète bien le tout en rajoutant une dimension plus formelle.

On a du coup une bonne répartition entre texture, couleurs et motifs.


Conclusion

Casual: Le pan de 6 cm et les tons ultra profonds de la matière lui permettent de s’intégrer à une tenue casual très habillée
Formel: Et ça passera aussi parfaitement avec du formel d’hiver,  avec des costumes en flanelle ou en tweed
Prise de risques: Optez pour la version 7,2 cm si vous êtes un peu large d’épaule
Rapport qualité/prix: Difficile de trouver ailleurs des cravates confectionnées avec ce genre de tissu, et à ce niveau là de savoir-faire. Même si 165 euros est un sacré budget, ça ne semble pas démesuré pour ce niveau de qualité.

Je ne l’ai par contre pas retrouvée sur l’e-shop de la marque, elle est en revanche encore disponible chez l’Exception:
http://cinabre.lexception.com/fr/homme/accessoires/cravate-noeud-papillon/4508713668-06NY-cravate-cachemire-bleu-marine

Elle sera à nouveau en ligne à la rentrée et disponible à la boutique à Paris et au Bon Marché.

2 La cravate fantaisie

Cette cravate est réalisée à partir d’un tissu bandana vintage américain chiné par Alexandre. J’étais assez réservé pour le test de la gamme fantaisie, jusqu’à ce qu’il me montre ce modèle décliné dans un bleu marine plutôt facile à porter, et surtout avec un motif Paisley au final très classique.

Bref, même si on est dans un registre fantaisie, on a toutefois un modèle facile à porter et à la matière estivale.  Elle se portera par contre davantage dans un registre casual friday ou sprezzatura.

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Conseils de style

On est sur un registre plus casual et sprezzatura: j’ai donc choisi de porter cette cravate avec des pièces très estivales. Vous reconnaîtrez ici la fameuse Zero Gravity Jacket de Louis Purple dont le test a été publié dernièrement, et la chemise Oxence en popeline de coton piumino (plus légère que la popeline classique).
Le tout porté avec un simple chino beige.

Ca peut passer en casual Friday ou pour une soirée d’été un peu habillée.

J’ai aussi opté pour un demi-windsor afin de remplir le col cutaway assez ouvert de la chemise.

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La cravate rajoute du motif à la tenue, en plus de la couleur particulière de la veste et du col cutaway très ouvert de la chemise. 

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Son bleu marine très foncé permet enfin de rajouter du contraste à la tenue (ce qui est plutôt bienvenu vu que j’ai un contraste peau/cheveux très prononcé). 

Conclusion

Casual: Vous l’avez compris, elle est faite pour ça.
Formel: Ca me semble bien plus difficile à intégrer dans une tenue formelle
Prise de risques: Un modèle à choisir seulement une fois que vous avez déjà vos basiques
Rapport qualité/prix: Si l’on raisonne en terme purement économique, le rapport qualité/prix est forcément moins bon sur une cravate en coton à 135 euros.
On peut plus difficilement juger la marque selon ce critère: il s’agit ici d’un tissu vintage, assez rare et retravaillé avec un savoir-faire poussé, ce qui fait que le prix n’est pas abherrant.
Mais ça en fait tout de même un produit qu’on achète pour le concept et non pas pour le rapport qualité/prix.

Autre bel argument: étant donné qu’on est sur un tissu vintage limité chaque modèle est unique, contrairement à une cravate de série.

La cravate bandana est disponible ici:
http://shop.cinabre-paris.com/fr/collection-cravates-bandana/1040-cravate-bandana-marine.html

 

Valery

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Anthony
Anthony
7 années il y a

Salut! Pourrais-tu m’indiquer d’où vient ce magnifique gilet? Merci! Anthony