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Test&Avis In Corio, derbies Luc: des souliers outdoor au montage Blake

Voilà quelques années que nous vous parlons de la marque In Corio sur le site: ce que j’apprécie chez elle, c’est qu’elle a su se positionner tout de suite sur la notion de confort, avec ses fameuses semelles en mousse ergonomiques et le montage Blake de ses souliers, qui va être souple plus rapidement.

In Corio s’est d’abord attaqué aux chaussures formelles, celles qu’on porte au bureau et qui ont intérêt à être le plus confortables possible pour aller de rendez-vous en rendez-vous. C’est la stratégie logique pour intéresser le plus grand nombre.

Elle proposait de manière plus anecdotique quelques modèles de bottes, puis des sneakers en 2020 .

Depuis l’hiver 2021, elle s’attaque à un tout autre créneau: celle des bottes et chaussures workwear, au côté plus utilitaire, avec une nouvelle offre à semelles commando.

Cette nouvelle offre soulève donc deux remarques: d’abord les bottes workwear sont généralement les plus inconfortables: un peu comme pour un jean brut, ça se mérite de les assouplir et ça demande minimum une bonne dizaine de ports.
C’est donc une bonne idée de s’attaquer à ce créneau de ce point de vue là.

En revanche, on demande avant tout à ce type de chaussures d’être robuste, durable, et surtout étanche. Ce qui n’est pas forcément le point fort d’un cousu Blake.

Au-delà du test des derbies, la question sera donc surtout à quel point un cousu Blake peut être adapté à un usage outdoor ?

Avant d’entrer dans ce débat philosophique majeur, voici d’abord un rappel des tests que nous avons effectué sur la marque suivi d’une présentation des nouveautés de la collection:

In Corio: une jeune marque de souliers très prometteuse (2018)
Test & Avis In Corio : de véritables souliers en cuir confortables dès le premier port (2019)
Avis & Test sur In Corio : Des mocassins originaux et confortables à porter pour cet été (2020)
Test&Avis des sneakers Maxime d’In Corio: un confort innovant et une inspiration vintage (2020)

Les nouveautés In Corio hiver 2021

Les sneakers

En dehors de la nouvelle offre workwear avec semelle commando, In Corio a depuis notre dernier article également retravaillé son offre de sneakers avec une nouvelle paire, la Gabriel:

Cette forme ronde assez peu allongée rappelle les baskets des années 80, ce qui en termes de gamme est un bon complément au modèle Maxime, qui lui rappelle de son côté plus les German Army Trainers.
Contrairement aux autres modèles fabriqués au Portugal, les sneakers sont produites dans un atelier à Florence afin de proposer une qualité de finition au-dessus de la moyenne.

La nouvelle offre workwear

Avant d’évoquer cette offre, rappelons qu’In Corio proposait depuis ses débuts une offre de bottines, les Martin, montées sur semelle en gomme de type dainite: des bottines vouées à être à l’aise dans un cadre urbain et surtout immédiatement confortables.

Il fallait aller du coup plus loin sur ce créneau en passant à la fameuse semelle commando dont le style et les caractéristiques sont bien plus outdoor.

Un changement de patronage accompagne également ce changement de semelles: on passe de Jumper Boots relativement urbaines à des brogue boots forcément beaucoup plus marquées Gentleman Farmer.

En chaussure basse, le modèle Luc proposé est quant à lui un un blucher en cuir grainé avec une forme étonnamment équilibrée: c’est celui qui va faire l’objet de ce test.

Les prix dégressifs

N’oublions pas d’évoquer les prix dégressifs qui sont un des gros points forts d’In Corio: les paires sont cumulables entre plusieurs catégories de produits: bottes, chaussures, sneakers etc

Test des bluchers Luc à semelle commando

Avant d’entamer le test de la paire à proprement parler, nous allons succinctement évoquer la question de la pertinence du Blake sur une chaussure outdoor.

Outdoor: Blake versus les autres cousus

Avant d’entamer la question, rappelons ici qu’il s’agit d’un débat de puriste que je souhaite surtout aborder par pur souci de rigueur journalistique et d’exhaustivité. Dans les faits, on s’en fiche un peu car le port de bottes et chaussures workwear telles qu’on les connaît se fait dans 95% des cas dans un contexte urbain (ou quasi urbain, c’est-à-dire un sentier vaguement boueux en forêt).

Disclaimer: je n’ai pu porter la paire au moment du test qu’en ville, et je n’ai pas encore eu l’occasion de la porter à la campagne (ou d’y aller tout court en fait). Les fondateurs de la marque ont en revanche eut tout le loisir de le faire sur ces derniers mois et m’ont assuré de l’isolation irréprochable de la gamme commando.

N’oublions pas non plus que si on patauge dans un marais pendant 1 heure, on aura les pieds à peu près aussi trempés avec un Blake + semelle commando qu’avec un Goodyear.

Pour rappel, voici les schémas de montages Blake et Goodyear:

Sur le Blake, on voit clairement que la couture traverse la semelle, et est donc plus ou moins directement au contact du sol, ce qui permettrait davantage à l’eau de pénétrer la chaussure. De fait, on en déduit donc qu’une paire en Blake est moins imperméable qu’une paire Goodyear.

Le raisonnement s’applique en fait surtout à des souliers de ville, avec une semelle en cuir fine qui implique donc une couture au contact direct du sol.

Dans le cas de la gamme commando d’In Corio, le raisonnement est un peu différent pour plusieurs raisons:
une semelle en gomme beaucoup plus épaisse qu’une semelle en cuir de ville classique: cette épaisseur cumulée aux crampons typiques d’une semelle commando assure une isolation au froid et à l’humidité (en plus de l’adhérence que permettent les crampons).
Bref, la couture est donc beaucoup moins en contact avec le sol et l’humidité éventuelle .

On voit clairement qu’on est sur une épaisseur bien supérieure à celle de chaussures de ville classiques


lorsque le fil de couture en nylon (un fil imperméable) passe à travers la gomme, celle-ci le comprime instantanément (à la différence d’une semelle en cuir) ce qui rend le montage hermétique
– enfin, on remarque autour des derbies Luca une trépointe: celle-ci est décorative (vu que ce n’est pas un montage Stormwelt) mais elle rajoute une couche de protection au niveau de la jonction entre la semelle et la tige

Cette trépointe décorative rappelle clairement un Goodyear Stormwelt: elle a tout de même le mérite de protéger cette partie.

Cuir

Il s’agit ici d’un cuir de veau italien dont on apprécie la souplesse dès les premiers ports: c’est important pour les derbies et ça l’est encore plus pour le modèle de brogue boots Edgar avec lesquelles vous pourrez vous épargner les douleurs habituelles au tibia et à la malléole que j’étais le premier à croire inévitable.
Cette souplesse est par ailleurs rare pour du cuir grainé, en particulier sur ce type de paire.

On remarque également une patine et un glaçage discret à l’avant qui fait toujours son effet au moment de la réception.

Semelle

La semelle est étonnamment souple et légère: vous n’aurez donc pas à la casser et à attendre plusieurs ports qu’elles soient confortables. Il s’agit ici d’une semelle commando: elle est donc plus épaisse. et moins passe-partout qu’une semelle en gomme de type dainite (surtout car on voit bien les crans sur les côtés).

En revanche, elle est plus isolante et se différencie surtout par son adhérence et par une résistance à l’abrasion qui garantit une belle durabilité.

Confort

C’est évidemment LA valeur ajoutée d’In Corio: le confort est immédiat grâce à la semelle en mousse ergonomique.
Il est même encore plus perceptible que sur les souliers de ville de la marque avec semelle en cuir tout d’abord grâce à la souplesse de la semelle gomme et du cuir de veau grainé (par rapport aux box calf plus rigides) et aussi grâce à la forme plus ronde et spacieuse.

Patronage

Je regarde en particulier sur une derby la forme de l’empeigne et le nombre d’oeillets: ici, il s’agit d’un patronage de Blücher, un type bien particulier de derby qu’on a pas encore eu l’occasion d’évoquer sur le site.

Voici donc une petite remise en contexte et quelques modèles icôniques, mais commençons d’abord par la différence entre derbys et blücher:
– blüchers: les garants (la pièce de cuir sur laquelle on trouve les oeillets) sont cousus par dessus la tige
– derbys: ce sont les garants + les quartiers qui sont cousus par dessus la tige

Les derbys de la gamme habillée d’In Corio: elles auraient été trop fines pour que le rendu soit cohérent avec du cuir grainé et une semelle commando

La petite histoire est assez classique: lors des guerres Napoléoniennes, le général de l’armée Prusse Von Blücher remarque que les bottes sont bien trop longue à mettre et retirer: il se met alors en tête d’élaborer une paire beaucoup moins haute (plus rapide à enfiler) et avec deux pièces de cuir des deux côtés de la cheville qui puissent se lacer facilement et pour rendre la chaussure plus adaptée à des pieds plus larges. Coincidence ou pas, le général Blücher et ses troupes ont joué un rôle majeur dans la défaite de Napoléon lors de la bataille de Waterloo.

Pour moi, la paire haut-de-gamme de référence sur ce créneau est sans aucun doute le modèle Alden:

La blucher étant plus ronde, elle sera naturellement plus décontractée que la derby classique. Cela dit, si vous la choisissez en noir, elle peut théoriquement être portée avec un costume avec une texture hivernale très marquée(une flanelle lourde ou un tweed), en particulier pour le modèle Luc noir d’In Corio et ses semelles commando.

Conseils de style

J’ai choisi ici une tenue relativement simple et décontractée: le cardigan col châle et la chemise flanelle peuvent facilement se remplacer ici par un combo plus habillé veste + chemise ou veste + col roulé.
Le gurkha en revanche est pile dans le bon registre pour se porter avec ce genre de souliers: sa coupe soignée donne une touche habillée tandis que son ceinturage rappelle l’héritage militaire des bluchers Luc. Enfin, la flanelle de laine grise clair laisse bien le cuir grainé et son glaçage discret s’exprimer.

D’un point de vue couleur et prise de lumière, le cardigan beige et la chemise khaki sont au final assez neutres et laissent donc bien s’exprimer le bas et en particulier les Blucher.

Enfin, j’ai choisi une montre vintage Dubois avec bracelet en cuir grainé qui fera plus echo aux bluchers.

Je porte les blucher Luc In Corio à semelle commando avec:
– le cardigan col châle laine et cachemire beige réalisé en collaboration avec Paris-Yorker
– une chemise en flanelle khaki de chez The Initialist
– le pantalon gurkha en flanelle de laine réalisé en collaboration avec Maison Singulier

Conclusion

Je suis d’abord heureux à travers ce test d’avoir pu vous donner de nouveaux éclairages sur les intérêts que peut avoir un cousu Blake sur une chaussure plus outdoor et fonctionnelle, accompagnée d’une semelle en gomme) pour vous aider à sortir des dogmes et autres clichés sur son manque d’étanchéité.

In Corio a justement réfléchi sa nouvelle gamme pour garantir des souliers utilitaires durables, isolants et qui adhèrent mais sans rien sacrifier à sa principale promesse: le confort. Au-delà de la semelle ergonomique, c’est aussi grâce à un cuir grainé souple que la paire est agréable dès les premiers ports. Cerise sur le gâteau, on apprécie la patine et le glaçage discret du cuir qui seront bien mis en valeur en hiver accompagné d’une simple flanelle de laine.
Si je n’ai pu pour le moment que les porter en ville, ce sont des souliers que m’imagine très bien porter pour une petite randonnée en forêt un jour légèrement pluvieux.

Dernier bon point: le fait d’avoir choisit un patronage de blucher et pas de derby classique. Il a un caractère beaucoup plus marqué et adapté à un style utilitaire: c’est un choix très cohérent pour un soulier en cuir grainé et avec semelle commando.

Les blucher Luc sont disponibles ici à 269€ (et moins si vous faites jouer les prix dégressifs)



Valery
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