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TEST SEPTIÈME LARGEUR : DES SOULIERS INTEMPORELS

Septième Largeur propose des patines sobres et décalées de bon goût

Aujourd’hui nous mettons à l’épreuve Septième largeur. Une marque dont les souliers m’ont toujours parut sobres, efficaces et surtout possédant une patine réussie. Un dernier détail qui est important car c’est un travail délicat.  On s’en rend compte aisément quand on croise toutes ces vitrines mettant fièrement en avant leurs modèles patinés « gold » dont la couleur tend vers le jaune et dont le rendu est …. franchement laid.

Quant on fait ses premiers pas dans le monde des souliers (ou même quand on cherche sa sixième paire), c’est un vrai casse-tête pour trouver une paire qui nous sied. Quand on se met en quête de souliers, il y a quelques paramètres essentiels avec lesquels on doit jongler. Tout d’abord il faut trouver la taille et le modèle adapté à nos pieds (ce qui n’est pas toujours évident, quelque soit sa morphologie), puis on vérifie les formes, le montage et la patine… L’idée c’est donc de trouver un modèle qui nous plaît dans lequel on se sent bien et parfois ce n’est pas toujours évident. De plus, l’offre sur le marché du soulier haut de gamme masculin est plutôt saturé de nos jours. Il faut donc réussir à se frayer un chemin parmi toutes ces marques dont le bon goût et la qualité n’est pas toujours au rendez-vous.

Septième Largeur c’est le fruit de 40 ans d’expérience

Derrière la griffe, se trouve une famille de chausseurs aguerris

La maison française est créée en 2009 par Marcos Fernandez et son neveu Mathieu Preiss. Pour les amateurs éclairés de souliers le nom de Fernandez évoque forcément quelque chose. C’est une pointure dans le milieu, en effet il n’en est pas vraiment à son coup d’essai avec Septième Largeur.

Il commence en important Sebago en provenance des USA pour l’Europe en 1973 (notamment connu pour ses penny loafers). M. Fernandez bouscule l’offre de l’époque en proposant des modèles cousu Goodyear à prix compétitif alors que le marché était dominé par des marques italiennes qui vendaient des modèles aux semelles collées à un prix aberrant.

Très vite il fonde Bowen en 1979 (une enseigne qui s’est largement imposée sur le marché depuis et qui est une référence aujourd’hui) sur une position tarifaire juste en dessous de celle de Church’s. Une quinzaine d’années plus tard il fonde Emling,  puis ensuite vient le tour de Markowski. Il ne s’arrête pas en si bon chemin puisqu’en 2009 il lance Septième Largeur. Parmi toutes ses marques, nombreuses sont celles qui s’imposent sur leurs marchés respectifs (les différentes marques qu’il a créé opèrent sur le même secteur mais sur des segmentations prix et des spécialités différentes, elles ne peuvent donc pas réellement être comparés entre elles). Marcos Fernandez n’a donc plus rien à prouver, il sait ce qu’il fait et il connait le métier depuis plus de 45 ans.

Les caractéristiques qui définissent Septième Largeur

Lorsqu’il fonde l’enseigne, c’est sur la patine qu’il décide de mettre l’accent. En soit les créations Septième Largeur suivent une ligne classique  (sauf certains modèles comme Tobar ou Téophile), ce qui n’est pas pour nous déplaire car ils proposent des modèles intemporels aux formes et patines irréprochables. Des modèles sobres parfaitement adaptés aux différents milieux du business. 90% de ses modèles sont cousus sous gravure en Goodyear. Ses collections hivernales proposent quelques cousus norvégiens en semelle gomme. La marque propose également  le confort welted qu’elle a inventé, ainsi le cuir devient beaucoup plus souple (presque autant qu’un Blake).

Ils sont également l’un des rares chausseurs à encore proposer un cousu Goodyear sous gravure fermée avec un chevillage en bambou, technique traditionnelle issue de l’artisanat bottier. Sur certains modèles (Rennan et Eugène) ils n’utilisent qu’une seule tige, ainsi la traditionnelle couture située au dos du soulier disparaît. Proposant ainsi un modèle plus épuré et sophistiqué, une manière subtile de revisité les canons classiques des modèles incontournables que sont les richelieu et les doubles boucles.

Enfin, leurs cuirs cognacs, marrons et prunes sont reçus blancs. Ainsi, la manufacture les patinent à plat puis monte ensuite le reste de la chaussure ! De ce fait, les tons Septième Largeur sont uniques et on ne peut pas les retrouver ailleurs puiqu’ils les conçoivent et les travaillent eux-même.

La griffe ne proposant pas de parti-pris créatif particulier, c’est sur ses formes et le choix des peausseries quelle se distingue et sur lesquels elle met l’accent.

Le modèle Rennan (une mono à double boucles) en cuir Cordovan
Le modèle Rennan, parfaite illustration d’un modèle sobre et élégant (une monk à double boucles) en cuir Cordovan

Les peausseries

Les tanneries ne sont pas légions en France. Cela dit il y en a quelques unes qui ont acquis une très solide réputation à travers le monde pour la qualité de leur travail (on pense notamment aux tanneries du Puy et d’Annonay). Ces mêmes tanneries réputées auprès desquelles Septième Largeur se fournit.

tannerie annonay cuir

Elle se procure ses cuirs box calf  chez la tannerie Le Roux et Du Puy (un cuir de veau tanné au chrome dont l’aspect est lisse). C’est la tannerie d’Annonay qui s’occupe de ses cuirs vocalou (qui est très souple) quelle utilise pour ses patines prunes et marrons. Pour ce qui est de ses modèles en veau grainé, elle se fournit à nouveau chez la tannerie du Puy (un cuir travaillé qui donne un rendu texturé très intéressant). Ensuite c’est en Alsace auprès de la tannerie Degermann quelle trouve ses cuirs gras qui sont idéaux à porter en hiver et lorsqu’il pleut. Enfin  son dernier fournisseur concerne le veau-velours, une pièce de cuir retournée qui est beaucoup plus souple et légère (idéal en été ou lorsqu’il fait beau, attention cependant car les modèles en veau-velours tolèrent plutôt mal les fortes précipitations) et c’est auprès de la tannerie Stead qu’elle se les procure.

Les formes

Septième Largeur propose deux formes différentes sur ses souliers, de manière à pouvoir combler le plus de morphologies possibles. Tout d’abord la première forme, la « 199″ qui sied aux pieds fins, elle met bien en valeur les paires de richelieu (qui sont des souliers fermés, l’idéal quand on possède des pieds fins). Ensuite il y a la deuxième forme, la  « 206 ».Un chaussant plus agréable à porter quand on possède des pieds plus forts. Attention sur les tailles car cette forme taille plutôt grand. Elle convient bien aux derbies (des souliers ouverts qui laissent de la place lorsqu’on possède un coup de pied fort).

Voici une paire de Richelieu. La couture sur laquelle repose les lacets est fermée. Idéal pour les pieds fins
Voici une paire de Richelieu à 6 œillets . La couture sur laquelle repose les lacets est fermée. La paire idéale pour les pieds fins !

Ils possèdent également d’autres formes qui s’adaptent aux saisons. En Hiver ils préfèrent des bouts plus ronds alors qu’en été ce sont des formes plus effilées qui sont choisies.
septieme largeur patine sur mesure

La patine

La particularité de Septième Largeur, c’est quelle propose des patines toujours justes. Elle met donc naturellement en place un service de patine sur-mesure qui propose à ses clients de patiner pour eux l’une de ses créations  à un prix particulièrement compétitif de 320€ (245€ la paire vierge + 75€ pour la patine). C’est d’ailleurs ce service en particulier que nous avons mis à l’épreuve lors du test ! Il faut savoir qu’il y tout un processus personnalisable (tout comme lorsqu’on façonne son costume en demi-mesure).

double exemple patine 7L

Pour conclure, notons que la conception des souliers se fait à Paris et la production est réalisé dans une manufacture espagnole pointue avec laquelle Marcos Fernandez travaille depuis plus de 40 ans.

 

LE TEST DE LA PATINE SUR-MESURE

Dans ce test, je tâcherai de vous expliquer les deux étapes du processus qui composent ce service. En effet, façonner sa patine sur-mesure chez Septième Largeur comprend quelques étapes pour proposer un produit au plus près de ce que vous désirez.

Première étape : le choix du modèle

Tout d’abord il convenait de choisir une paire dans laquelle je me sentirai bien. Possédant un pied très fin (et donc pas évident à chausser car on retrouve plutôt des pieds forts chez les hommes) j’ai naturellement opté pour une forme 199. Au début la paire de monk à double boucles me plaisait beaucoup mais j’ai du rapidement y renoncer à cause de mon pied trop fin.

Je me suis donc orienté vers une paire de richelieu ! Plus précisément vers le modèle Eugène. Il est assez épuré et l’on y trouve simplement quelques surpiqûres discrètes qui viennent orner le soulier. J’avais envie d’un modèle épuré qui ne possède pas de perforations ou de bout fleuri, cela dit je n’apprécie pas spécialement les one-cut non plus (et cela à tort car c’est sur ce genre de modèles que le travail de la patine est le plus mis en valeur car il est dénué de perforations, de surpiqûres etc…). La Eugène me paraissait donc être un bon compromis.

Voici le modèle Eugène vierge, prêt à être patiné selon nos désirs.
Voici le modèle Eugène vierge, prêt à être patiné selon nos désirs.

Deuxième étape : la conception de la patine

Une fois le modèle choisi, nous sommes allés regarder ensemble (avec M. Preiss) l’ensemble des patines différentes que son atelier propose de réaliser.Petit détail à connaître, les patines sont réalisés à la main depuis Paris. 

Voici une jolie photo de l'artisan en plein travail
Voici une jolie photo de l’artisan en plein travail dans son atelier parisien

En premier lieu on sélectionne le ton principal de la patine (personnellement j’ai opté pour un ton marron car je désirais une paire de souliers qui s’insère aisément dans un registre business). Le travail n’est pas le même selon les couleurs. Par exemple pour le gris c’est un travail très délicat car c’est un ton qui n’est pas naturel pour le cuir. A l’origine une peausserie n’a pas de couleur (elle ressemble à une sorte de blanc cassé avec des taches bleues ou vertes). C’est donc très difficile d’obtenir un gris parfait sauf si on utilise un pinceau, un outil qui permet une précision chirurgicale permettant d’obtenir un beau rendu.

Voici une patine grise bien réalisée
Voici une patine grise bien réalisée

Une fois le ton sélectionné, on se penche alors sur le mouvement que doit prendre la patine. Il y a plusieurs types de mouvements envisageables : marbrés, brossés, contrastes marqués ou contrastes clair-obscur …. Tout est envisageable et les résultats sont tous différents les uns des autres. S’offrir une patine sur-mesure, c’est s’offrir un soulier aux reflets uniques.

LE RENDU FINAL

Après un mois d’attente (tout comme lorsqu’on se fait confectionner un costume) la paire était prête, voici le résultat final (que vous trouverez ci-dessous). Inutile de vous dire que je n’ai pas été déçu.

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Ce jeu de tons subtil entre toutes les nuances de marrons propose un beau contraste et l’on trouve également un glaçage parfait. Il faut savoir que le glaçage est une opération manuelle technique qui demande du temps et surtout un savoir-faire précis. En effet, c’est un subtil mélange d’eau et de cire qui permet de faire briller le bout de votre soulier en plus de le protéger contre les chocs et les intempéries. Vous trouverez également une deuxième paire de lacet, ainsi que deux chaussons pour transporter vos chaussures dans une valise ou un sac sans les abîmer.

J’aimerai également vous dire une chose à propos des embauchoirs. Ils sont  obligatoires si vous désirez que votre paire ne s’use pas rapidement dans le temps et quelle reste belle. Grâce à la tension qu’ils imposent dans le soulier, le cuir se remet en place après une dure journée de frottement contre votre pied. Il lui permet donc de retrouver sa forme originale, d’absorber la transpiration (grâce au bois de cèdre) et de limiter les traces de plis qui se forment lorsqu’on les porte. Lorsque les vendeurs vous les proposent ce n’est pas pour vous vendre une bêtise (ça n’arrive pas tous les jours alors il faut en parler), c’est dans l’intérêt de votre soulier et croyez en mon humble expérience.DSC_0744

 

Les finitions

Bien entendu, les souliers proposés par Septième Largeur sont soignées au delà de la patine et des formes, en voici les grandes lignes.

Toutes les semelles sont réalisés sous gravure fermée.

Elles possèdent un cambrions travaillé en relief, des clous en bambous (situés sous la semelle) qui mettent en avant la voûte plantaire pour un confort optimal.

Le modèle Eugène possède six œillets et  propose des surpiqûres qui dessinent un beau soulier sans tomber dans l’excentricité. « Oxford not brogues » comme dirait notre ami Galahad dans Kingsman !

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CONSEILS DE STYLE

Pour vous donner une idée de composition j’ai choisis deux tenues différentes pour mettre en valeur une paire de souliers patinés ! J’ai bien conscience qu’il est de coutume de respecter le célèbre adage « No brown in town » dans certaines milieux professionnels très stricts (comme le Magic Circle par exemple) ou l’on ne porte que des chaussures noires (le marron étant une couleur traditionnellement réservée à la campagne). Ceci dit, les normes évoluent et aujourd’hui une paire de souliers marron foncé est tout autant business qu’une paire noire. D’ailleurs je trouve les tons marron foncé beaucoup plus beaux et intéressants que le noir. Veillez cependant à ne pas prendre une patine trop claire si vous la destinez à un usage professionnel. 

Si vous êtes perdus entre les chaussures oxford ou derbys, nous vous avons préparé un petit guide sur les chaussures formelles.

La tenue business classique

Du fait de sa patine travaillée à fort contraste, la paire de souliers devient une pièce forte qu’il faut calmer si l’on désire l’introduire dans un registre formel. Je les porte donc sur un costume croisé bleu uni. Le seul endroit ou il est permet de porter des couleurs non conventionnelles sont les chaussettes, c’est pourquoi je m’éclate un peu dessus en portant une paire de Mazarin vert académicien. Même la chaussette vient calmer la paire puisqu’elle est unie. On sous estime trop souvent l’impact des chaussettes sur une tenue, on vous détaille cela dans ce guide.

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La tenue business sartoriale

Sur cette tenue je me laisse un peu aller mais le résultat est saisissant. Le gris moyen du Prince de Galles offre un joli jeu de tons et de belles textures grâce au motif. C’est une tenue à fort caractère qui possède deux pièces fortes imposantes, c’est donc une tenue légèrement décalée qui ne se fond pas dans tous les milieux professionnels.

N’hésitez pas à consulter nos conseils pour choisir votre costume idéal.

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exemple tenue 2 7L

Conclusion sur Septième Largeur

Des modèles intemporels qui proposent des patines réussies, qui présentent également des finitions soignées et le tout en restant sur une gamme de prix compétitive.  D’ailleurs à 245€ la paire classique et à 320€ la paire patinée sur-mesure, c’est difficile de lui trouver un concurrent aussi sérieux et pointu sur cette gamme de prix là. Nous vous recommandons donc Septième Largeur sans hésiter, que ça soit pour construire votre collection avec de premiers souliers classiques ou bien de garnir cette même collection avec des souliers à la patine plus travaillée.

 

Gustave Uhlig

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Anthony
Anthony
6 années il y a

Bonjour,

Les tanneries proposent elles des peausseries de qualité différentes ? Parce que Jacques et Demeter utilise des cuirs qui proviennent des mêmes tanneries que 7L et pourtant il me semble qu’il y a une vraie différence de qualité. Qu’en pensez-vous ?
(Evidemment la différence se justifie par le prix mais ce n’est pas ma question)

Cordialement

Gustave Uhlig
Gustave Uhlig
6 années il y a
Répondre à  Anthony

Bonsoir Anthony ! Effectivement, tout comme les drapiers, les tanneries proposent différentes gammes de peausseries selon les marques qu’elles fournissent. Elles peuvent donc se fournir auprès du même tanneur mais sur des produits de gammes plus ou moins qualitatives