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COMMENT RECONNAITRE UN BON JEAN BRUT (PARTIE 1): CARACTERISTIQUES ET TEST DU JEAN BIG BOY DE BOLD BOYS

Je vous adresse toutes mes excuses…

Vous avez sûrement dû lire ce genre d’article des dizaines de fois, décliné à l’infini par toute la nébuleuse des blogs de mode masculine: je m’en veux du coup beaucoup de devoir publier ce type de sujet. Mais je me suis justement donné d’autant plus de mal pour vous faire un article vraiment encyclopédique, qui puisse bien répondre à TOUTES vos questions (et je ne pense pas faire de guides payant sur ce sujet un peu trop restreint à mon goût).

En plus de ça, je n’ai pas posté d’article depuis une semaine. Et pour cause, cet article a été bien long à faire et j’étais sur le retour pour le Cambodge. Une raison de plus pour tenter de vous proposer de la qualité.

J’ai donc reçu un joli jean Big Boy de la marque Bold Boys, et c’était une bonne occasion de le tester: on en parlera en fin d’article.
Bref, ce n’est  pas l’article le plus original de tout le blog, et j’ai du coup fait des efforts pour que vous appreniez quand même quelques trucs..

A noter que cet article est susceptible d’être mis à jour dans le futur, car on en apprends jamais assez sur le jean brut 🙂

I Comment reconnaître un bon jean brut: la matière

1 L’origine de la toile

Les bons jeans brut sont généralement confectionnés avec du coton, importé de certains pays. Les puristes se font une petite guéguerre pour savoir un peu d’où vient le meilleur denim.
Historiquement, les moulins les plus réputés sont situés au Japon et aux Etats-Unis.

Quelles différences ? On a beaucoup plus de moulins au Japon qu’aux Etats-Unis (qui ne travaille quasiment qu’avec Cone Mills).
Les machines au Japon (qui sont à présent des Toyoda, et non plus celles ramenées par les Etats-Unis) produisent un denim plus brut, avec un rendement plus lent et un traitement plus irrégulier de la matière.
Le Japon dispose enfin d’une véritable expertise sur la teinture, avec une variété de teintes inégalable.

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Aux Etats-Unis, quasiment tout vient de chez Cone Mills: on a du coup une variété de teintes plus pauvre. Le rendu est beaucoup plus uniforme et régulier, et le délavage d’un jean américain se reconnaît donc assez facilement.

La texture est unique mais a moins de caractère, tout en étant généralement plus lisse. Cela dit, tout est toujours produit sur des machines traditionnelles (le modèle American Draper X3 des années 40) pour une texture unique, qui contribue aux différentes teintes. La teinte indigo est naturelle.

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2 La souplesse

Un bon jean brut est rigide, et s’assouplit avec le temps, au fur et à mesure des ports.

Astuce: Certains aiment garder leur jean bien rigide, longtemps après l’achat (voire pour TOUJOURS). Ca se fait en fait assez facilement: il suffit juste de les amidoner (avec du spray) et de passer un coup de fer à repasser. Pour une rigidité maximale, faire le à l’intérieur ET l’extérieur de vos jeans.
Attention, cela réduit par contre la durée de vie de vos jeans.

Le poids

C’est surtout par l’épaisseur et le poids qu’on reconnaît un jean brut, comparé aux jeans ordinaires, plus fins et légers.
Il se mesure en oz: c’est le poids qu’un yard de denim brut pèse en onces (une unité qui parle à tout le monde, forcément).

Il peut être d’un poids léger (en dessous de 12 oz), moyen (entre 12 et 16 oz), ou lourd (au délà de 16 oz).

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Les poids léger sont confortables rapidement, et facile à porter. Ils s’assouplissent vite et on a beaucoup moins l’impression de casser la rigidité du jean. Seul inconvénient: le délavage sera bien moins impressionnant que sur un denim plus lourd.

Les poids moyen sont les jeans les plus répandus sur le marché: ils sont généralement plus rigides, lourds et rugueux au toucher. Moins confortables, vous constaterez qu’ils sont pourtant plus chauds et durables. Vous aurez un peu plus de mal à s’assouplir, mais le jeu en vaudra la chandelle puisque les traces de délavage seront bien plus marquées.

Pour les poids lourds, on parle d’une rigidité telle que ces jeans tiennent debout seul. Ce sont ceux qui vous demanderont le port le plus long avant de ressentir une once de confort. Les premières semaines seront sincèrement détestables et vous râperont les jambes comme jamais.
Ce sont des jeans à acheter au début de l’hiver, pour espérer les avoir un peu dompté avant l’arrivée du printemps, où il fera déjà trop chaud pour les mettre. Le meilleur exemple est le modèle 32 oz de Naked and Famous.

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Tissage

On distingue différents types de tissage

La densité

Cette partie a malheureusement été difficile à illustrer car peu de gens font attention à prendre des belles photos de jeans ou de denims examinées à la loupe (étrangement), et je n’avais pas de jeans d’été au tissage 2×1 sous la main.
Heureusement, vous allez vous faire une bonne idée avec la première image.

3×1

C’est celui de la plupart des jeans selvedge, et qui permet la matière la plus lourde et épaisse. Et pour cause: trois fils de chaine croisent chaque fil de trame. C’est la couture la plus robuste, durable et répandue.

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Une image vaut mieux que 1000 mots: si vous observez à la verticale, vous voyez bien que chaque fil bleu passe à chaque fois sous 3 fils blancs horizontaux.

2×1

Pour chaque fil de chaîne, on a deux fils de trame: le denim est alors beaucoup plus léger et fin, c’est une bonne solution pour les denims d’été. Leur poids est généralement inférieur à 10,5 oz.

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1×1

Il s’agit en fait tout bêtement du chambray: on l’utilise surtout pour les chemises.

La direction

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Right Hand Twill

Le motif part d’en bas à gauche pour aller en haut à droite: la surface est plus douce, plus plate mais aussi plus serrée et compacte (du fait de la technique de tissage). Le délavage est plus marqué sur ce type de twill.

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Left Hand Twill

Les rayures diagonales vont d’en haut à gauche pour arriver en bas à droite: le toucher est plus doux. Le délavage est moins marqué localement, mais se voit davantage sur les rayures, verticalement.

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Broken Twill

Les rayures s’alternent, avec un motif zigzag. Ce motif servait à la base à atténuer la torsion des fils après un lavage.

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Le fit: être certain d’acheter un jean qui va s’ajuster

Grâce au sanforisage, un jean perdra seulement 1 à 2% de matière, au lieu de 10 à 12%: c’est Wrangler qui popularise cette méthode, qui permet d’ailleurs également l’utilisation de braguettes zippées. Ce procédé est à présent utilisé chez la plupart des fabricants.
Un jean sanforized a déjà été traité industriellement de manière à ce qu’il rétrécisse beaucoup moins au premier lavage chez vous: c’est devenu la norme chez la plupart des fabricants.

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Un jean non-sanforisé est plus rare: il est réservé aux puristes qui savent ce qu’ils font. Ils sauront bien anticiper le rétrécissement du jean au premier lavage et choisir la bonne taille en conséquence. Le coton de ces jeans est plus pur et brut, il n’a pas subit l’humidité, la chaleur et la pression: il se marquera aussi légèrement mieux avec l’âge.
Il est conseillé de le tremper après l’achat, avant les premiers ports, pour qu’il s’ajuste ensuite à votre taille.
Bref, c’est vraiment une affaire de puristes: on les trouve généralement sous le terme Slubby sur les e-shops américains.

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II Comment choisir une bonne coupe de jean

Ce qui différencie une coupe, c’est la largeur au niveau des cuisses et de la jambe, ainsi que l’ouverture au niveau de la cheville.

le semi-slim: c’est la coupe standard, adapté à la plupart des morphologies. Il est serré au cuisse et très légèrement resserré aux jambes. En général, son ouverture est de 19 cm. Le plus connu est l’APC New Standard et le Weird Guy de chez Naked and Famous.
L’ouverture est un excellent compromis: ça ne vous fera pas de trop grands pieds, et ça ne recouvrira pas trop votre chaussure.

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slim (voire skinny): il sont resserrés à la fois aux cuisses et aux jambes. On est du coup sur une ouverture à la cheville entre les 16 et les 18 cm (si vous avez moins de 16, c’est a priori que vous portez un collant).
Comme leur nom l’indique, ils conviennent bien si vous avez des jambes fines . Ils sont aussi bien adapté aux petites tailles plus généralement: un bon exemple est le Petit Standard d’APC.

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Attention: si vous chaussez grand et qu’en plus vous prenez une paire un peu élancée, c’est le meilleur moyen pour avoir des pieds de clown

droite: la coupe est normale à la cuisse et aux jambes. On arrive généralement sur des ouvertures à la cheville de 19 à 21 cm. Attention du coup à ce qu’elle ne vous fasse pas de petits pieds. C’est une coupe bien adaptée aux physiques athlétiques, qui ont des cuisses musclées.

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bootcut: c’est un cas vraiment très particulier: c’est une coupe droite avec une ouverture à la cheville plus large, pouvant atteindre les 24 cm.
Oubliez cette coupe, sauf si vous faites plus d’1m95 et que vous voulez  faire oublier votre taille. L’impression de largeur que donne ce type de jean rend visuellement vos jambes plus courtes, et vous rétrécit. L’erreur a plus courante est d’ailleurs de porter ce type de jean avec des sneakers, à la forme pas particulièrement élancée: ça donne rapidement l’impression que vous avez de tous petits pieds.

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III Comment choisir les bonnes finitions pour votre jean brut, parce qu’il n’y a pas que le selvedge

1 La poche monnaie

Elle est absente sur les jeans d’entrée de gamme, présente sur les jeans moyens de gamme. Et sur les jeans les plus hauts de gamme, on la trouve fixée avec des rivets, et un joli liseré selvedge.

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Une poche monnaie avec deux passepoils et une couleur de trame originale, étonnamment chez Topman en 2008

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Le niveau suivant, c’est le liseré selvedge plus simple. 

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Pas de liseré selvedge, mais au moins des rivets, qui demeurent un signe d’une qualité correcte. 

2 Rivets: les boutons donut

Les boutons Donut sont le standard des jeans (et leur nom vient de leur petite forme de donut juste au milieu). Ils se replient vers l’intérieur pour être solidement attaché au denim ‘ils font un peu office d’agrafe de luxe).  Ils apparaissent durant la Seconde Guerre Mondiale car leur ouverture permet justement d’économiser du métal.

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Les boutons pression sont en fait constitués de deux pièces: un avant bombé visible à l’extérieur du jean, et une pièce de métal plus plate située à l’intérieur, et qu’on martèle à l’intérieur du bouton. Il est en forme de pique et assure que le bouton soit correctement attaché.

3 Le selvedge

Le denim devient populaire aux Etats-Unis autour des années 50, grâce à l’émergence d’une culture jeune. La demande est si forte que les machines traditionnelles ne suffisent plus, et qu’il faut des cadences bien plus rapides, avec des capacités plus élevées.

Comme vous le savez, les Etats-Unis ont, après la guerre contribué à reconstruire l’industrie japonaise en leur cédant notamment de nombreuses machines à tisser: c’est là dont sont issus de nombreux ateliers japonais, aujourd’hui hyper prestigieux et réputés pour le denim.

Pourquoi opter pour un jean selvedge ? Car il s’agit tout simplement du meilleur rapport qualité/prix que vous pourrez avoir, en terme de nombre de ports.

La différence du jean selvedge, c’est qu’on rajoute une trame au bord du denim pour ne pas qu’il s’effiloche au fur et à mesure des ports: sur les jeans non selvedge, on a un peu l’équivalent de bords francs, à peine masqués par quelques coutures.

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On peut faire un parallèle simple entre le selvedge et le cousu goodyear: les deux sont des finitions qu’on utilise seulement avec des bonnes matières, pour les faire durer encore plus. Vous verrez rarement du vrai goodyear avec du cuir de porc, ou du selvedge avec une toile fragile.

Un jean selvedge peut ainsi supporter des centaines de ports et s’adapter d’autant plus facilement à votre corps: il devient un peu une oeuvre d’art que vous personnaliserez au fur et à mesure de vos vêtements. Personnellement, j’adore spécialement ces petites rayures qui se dessinent dans le creux des genoux, et qui n’apparaissent que sur les jeans bien coupés.

IV Le test du jean Bold Boys Big Boy Ring Spun

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1 L’histoire

Qui dit jean dit généralement workwear et Americana: c’est effectivement de cet univers que la marque Bold Boys a tiré le nom Big Boy, en référence à de puissantes locomotives des années 40, capables de tracter des cargaisons de plus de 4000 tonnes.
Bold Boys cherche ainsi à faire écho à la force et à la puissance de ce train à travers son jean brut.

2 Les finitions

Premier signe de qualité, la trame selvedge du jean est aussi présente sur la poche monnaie.

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Tout est renforcé par des boutons (donut ici donc) et des rivets en cuivre.

Les poches sont doublées dans un tissu synthétique, et pas en coton. Ce n’est ici pas foncièrement un inconvénient car il est particulièrement doux et soyeux. Il est un peu plus facile d’y utiliser ses poches que dans un jean classique avec des poches en coton (qui accroche plus et qui provoque donc plus de frottements en insérant/retirant vos affaires).

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3 La matière

J’ai été assez surpris par la légereté du tissu (13 oz) qui est plutôt rare pour un jean brut toutes saisons (normalement situé vers les 14 oz). Il est du coup moins rugueux et plus fin que ce à quoi je m’attendais. Et j’avais donc quelques craintes sur sa solidité.

Mais force est de constater qu’au bout de deux mois de port acharné pour le bien de ce test (quasiment deux jours sur trois).

Effectivement, le procédé ring spun utilisé par ce jean tient bien ces promesses, en tout cas en matière de douceur et de solidité.

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On le voit bien dans le creux des genoux, au bout de seulement deux petits mois de ports, les délavages sont déjà bien marqués et montrent de belles nuances.

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Aparthé: quelques mots sur le ring spun

Le fil ring spun est crée en enroulant et en affinant les fibres de tissus: il est cinq fois plus long à créer qu’un fil open end (le fil classique). Il est cependant plus doux et plus résistant qu’un fil normal: sa couleur et son épaisseur sont légèrement plus irréguliers. Le denim semble donc plus travaillé.

Dans un denim ring spun, le fil ring spun n’est utilisé qu’en fil de trame, ce qui contraste d’autant plus avec le fil open end. La différence se souligne généralement après plusieurs mois de ports et de délavages

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4 Le fit

L’ouverture à la cheville est de 18 cm, c’est un bon compromis pour s’adapter à la plupart des chaussures. (je trouve que le 19 cm est parfois un peu imposant sur des modèles de sneakers peu élancés, et que le 17 cm montre vite ses limites dans le cas contraire).

Le sizing est par contre un peu déconcertant vu qu’on est sur des tailles classiques: avec mon petit 27 chez APC, j’ai opté pour un XS qui me va parfaitement.

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Il est ici porté avec des bottes Irving de chez Bexley plutôt imposantes, mais on reste dans des proportions raisonnables. 

Et donc ?

Je recommande chaudement, et surtout pour un premier jean brut. Si la toile rugueuse et inconfortable vous fait peur, la toile ring spun apporte une véritable valeur ajoutée en terme de confort et de douceur mais vous permettra aussi d’avoir un vrai beau rendu bien authentique en matière de délavage.

Il est d’autant plus encore en soldes: à 119 et 109 euros, il s’agit d’un bon rapport qualité/prix. (j’ai pour information testé le Ring Spun simple).
Ca se passe à cette adresse: (comme d’habitude, aucune affiliation ou sponsorisation n’est derrière cet article):

http://bold-boys.com/fr/17-pantalons

 

Valery

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